Originaire d’Amérique du Nord, cette plante aquatique a fait son apparition en France dans les années 1950 au sein de la région Alsace. Actuellement présente dans presque toute la moitié nord du pays, elle colonise progressivement les vallées de la Loire et du Rhône.
Son introduction et sa colonisation peuvent s’expliquer de diverses manières : anciennement importée et vendue dans une partie de l’Europe en tant que plante ornementale pour les bassins ou les aquariums, on pense qu’après s’en être « échappée », elle a pu étendre son aire de répartition par l’intermédiaire des mariniers ou de leurs péniches qui circulent dans le réseau de canaux du nord de la France et du Benelux ; il se peut aussi qu’il y ait une intervention directe plus ou moins régulière de la faune aviaire ou des mammifères migrateurs dans le déplacement de fragments de la plante.
Le principal mode de reproduction de cette plante se fait par la fragmentation des tiges qui sont très cassantes et qui peuvent rapidement produire de nouvelles racines. Elle possède de très bonnes capacités régénératrices, dont j’ai pu faire l’expérience.
En effet, un jour, alors que je visitais mon site d’étude de l’île Chambod (voir photo ci-dessus), j’ai récolté divers fragments de plantes en vue de les analyser. Rentrant en région parisienne le week-end suivant, je décide de conserver les fragments d’élodée dans une pochette plastique bien humide. A mon retour, c’est la stupéfaction ! Sur chacun des fragments, de nouvelles pousses racinaires se sont formées sur plusieurs millimètres et en seulement quelques jours.
Cette capacité peut donc permettre à chaque nouveau fragment de se laisser porter par le courant, ou quelque autre moyen de transport, en attendant de trouver un milieu propice à sa croissance.
Lorsque les conditions sont réunies (température de 20°C, eau calme enrichie en minéraux et en matières organiques, etc…), l’élodée de nuttall peut former des peuplements denses qui constituent une gêne importante pour la pratique des loisirs nautiques et entrainent une modification des communautés végétales en place. C’est pourquoi il convient de lutter contre sa prolifération sur le site de l’île Chambod, qui sert de base de loisirs pour de nombreuses activités et sports nautiques tout au long de la période estivale.
Mon travail consistera désormais à réunir les différents acteurs et gestionnaires du site afin de mettre en place un protocole réalisable de gestion, de suivi et de veille pour les années à venir.
Par Alexandre Laîné.