Ces derniers provenant pour majeure partie des ordures ménagères (en d’autres termes vos sacs noirs de poubelles domestiques) mais également des déchets ayant pour origine les activités économiques, les refus de tri ou encore les déchets de nettoyage de rue. Concernant l’obtention du label, et dans le but d’entrer dans une véritable démarche de réduction des déchets, les incinérateurs n’apparaissent donc plus comme des structures adaptées à la gestion des déchets actuelle. En effet ces industries nécessitent un certain tonnage de déchets afin d’assurer une rentabilité de fonctionnement. Cependant ne serait-ce pas un cercle vicieux de conserver ce type d’installation dans le contexte actuel ?
Les multiples entretiens envers différents acteurs de la gestion des déchets du Grand Lyon ont fait émerger plusieurs enjeux associés à ces incinérateurs. Premièrement nous retrouvons l’enjeu technique, se caractérisant par le fonctionnement même des incinérateurs et leur approvisionnement en déchets. Mais également au niveau des déchets organiques (épluchures, légumes, fruits, etc.) que l’on retrouve actuellement dans les ordures ménagères. Il apparaît comme évident de mettre en place un tri à la source de ces déchets, en accord avec les objectifs de la loi de Transition Ecologique pour la Croissance Verte, mais cette politique rencontre un problème avec la technicité des fours d’incinération. Effectivement ces déchets, majoritairement composés d’eau, permettent de faire baisser la température dans les fours d’incinération, qui actuellement approche déjà de la température nominale de ceux-ci, et permettent aussi d’obtenir une énergie (chaleur et électricité) considérée comme « renouvelable » par la réglementation française. Il conviendra alors de déterminer comment faire baisser la température dans les fours d’incinération sans les biodéchets.
Deuxièmement des enjeux économiques sont réellement présents dans le domaine de l’incinération des déchets. Effectivement tout d’abord à propos de la vente d’énergie générée par le processus d’incinération, mais aussi par les investissements à réaliser pour mettre aux normes ce type d’industrie et en assurer un bon fonctionnement. De plus, toujours à propos de cette vente d’énergie, un enjeu social est notable dans le sens où la chaleur envoyée dans les réseaux de chaleur (provenant des incinérateurs) est moins cher pour les abonnés qu’une énergie provenant d’une autre source. Effectivement la matière première pour générer cette chaleur, à savoir les déchets, est pratiquement gratuite. Egalement un enjeu politique se distingue dans ce domaine par le fait que ces installations sont actuellement présentes par le fait de décisions politiques datant d’une trentaine d’années. Au niveau de cet enjeu politique nous retrouvons aussi les lobbyings industriels tentant de faire perdurer ces installations pour des motifs économiques. Enfin nous terminerons cette explication d’enjeu par celui dit, environnemental. En effet cette étude a pu décortiquer les bilans des rejets solides, liquides et atmosphériques par ligne d’incinération et permettent de faire état de la consommation énergétique et de l’impact environnemental d’une ligne d’incinération.
Ces bilans permettront par la suite de nourrir la réflexion de fermeture d’une ou plusieurs ligne(s) d’incinération en termes de diminution d’impact environnemental, mais également d’économie financière. La figure suivante présente, par exemple (parmi de nombreux autres que vous découvrirez dans le mémoire de stage), le coût de gestion des mâchefers d’incinération par tonne de déchets incinérés (comparaison Gerland – Rillieux-la-Pape) :
Par Matthias Picard