Le premier jour, je rencontre Philippe Vermeil, président de l’AGEK, auprès de qui je récupère des plans détaillés de la zone d’étude et quelques documents nécessaires à ma familiarisation avec le contexte géologique spécifique de cette région calcaire. Ensuite, je rejoins Christian Fèvre, responsable de la section ‘‘Rando’’ de l’association, avec qui je visite les gorges de l’Ain et parcoure la rivière d’Ain de l’impressionnant barrage de Vouglans, haut de 130m et long de 427m, au barrage d’Allement, à l’origine de la retenue d’eau entourant mon site d’étude : l’île Chambod.
Les jours qui suivent, je commence à éplucher la littérature scientifique concernant l’élodée de nuttall. J’apprends alors que son développement est possible dans les eaux de faible courant car ses racines ne peuvent s’enraciner que superficiellement, ainsi que dans les eaux riches en matière organique car les minéraux nécessaires à sa croissance y sont présents en abondance.
Je me questionne alors sur les causes qui amènent cette plante aquatique à perdurer et à proliférer en amont des barrages, et j’en arrive rapidement à l’idée que c’est probablement le fait de retenir cette eau captive qui permet à la plante de s’y installer paisiblement.
Une après-midi de la semaine suivante, je décide d’aller me balader dans la forêt de Seillon, située à côté de Certines, mon actuel lieu de résidence. Je me rends jusqu’à une zone humide que j’avais repéré en voiture pour voir si, par hasard, je ne trouverai pas un échantillon de ma plante d’étude. Or, la zone étant tellement vaseuse et n’étant pas équipé en conséquence, je décide de rentrer sans avoir pu constater la présence ou non de l’élodée. Mais contre toute attente, en revenant sur mes pas je tombe sur la petite mare présentée ci-dessus, au milieu de laquelle j’aperçois clairement une sorte de bande verte herbacée, peu visible ici à cause du reflet dans l’eau. Je m’approche et observe ces plantes assez nombreuses qui semblent toutes appartenir à la même espèce. J’en recueille quelques échantillons que je ne manque pas de comparer à des photos d’élodée de nuttall.
Presque aucun doute possible, il semble bel et bien que je me trouve en présence de mon sujet d’étude.
Plusieurs questions me viennent alors à l’esprit :
- Depuis quand cette plante est-elle arrivée dans cette mare ?
- Comment s’est-elle retrouvée ici ?
- Quelles sont les conditions physico-chimiques qui permettent sa survie et sa croissance ?
Par Alexandre Laîné.