L’un des éléments au centre de la pratique thérapeutique, c’est la parole des participants. Narration de soi, de l’intime, du privé, d’états intérieurs, d’émotions, d’évènements. Narration de choses que l’on ne dit pas ailleurs, dans un autre contexte, ou à n’importe qui. Se dire, se conter, se parler, ne va pas de soi, et ce, d’autant plus en groupe. En effet, ce n’est pas anodin de partager ses difficultés, vulnérabilités, désirs, joies devant un collectif. Le groupe écoute et reçoit ces paroles données, livrées, paroles qui peuvent parfois entrer en résonnance avec ses propres difficultés, vulnérabilités, désirs, joies. La thérapeute s’en saisit pour accompagner le participant, et la dynamique de groupe, dans un processus thérapeutique. C’est aussi elle qui instaure le climat et les moyens pour que la parole se libère, de différentes manières, pour les participants, de tous âges et horizons sociaux.
Et libérer la parole pour la recherche ? La parole permet d’accéder aux vécus, aux expériences, aux souvenirs, à ce à quoi l’on donne de la valeur, de l’importance. Libérer la parole permet de saisir chez les participants un rapport à soi, à l’animal, au « travail thérapeutique ». La parole est aussi l’un des éléments au centre de la recherche en sociologie-anthropologie. L’entretien est un mode privilégié, mais parfois à adapter, notamment pour les enfants, ou pour des personnes pour qui parler d’elles-mêmes est inhabituel. Les observations des séances permettent aussi un riche accès à la parole des participants. Entretiens, observations, focus groupes, les occasions se multiplient pour que l’on me parle, pour faire avancer la recherche.
Par Alexia de Guibert