Jeudi 26 avril, une soixantaine d’étudiant.e.s de L3 Sciences de l’Homme, Anthropologie, Ethnologie et du DU Anthropologie et Image Numérique présentaient les résultats de leurs travaux devant un public attentif réuni au centre Le Rize – Mémoires Cultures Echanges de Villeurbanne.
Le principe du projet Anthropologie : science et société (ASS) est simple : tout au long de l’année universitaire, les étudiant.e.s travaillent au contact de partenaires professionnels, sur des projets qui leur ouvrent différents domaines de recherche et d'intervention : alimentation, musique, mémoire, patrimoine, environnement, espace urbain. Ce cadre leur permet de se confronter in vivo aux questions transversales de la démarche de recherche et d’enquête ; de l’intervention et de la médiation ; de la valorisation et de la diffusion ; de l’impact social et de la réflexivité.
Par différents moyens (visites sur sites, recherches de terrain, actions de valorisation), il s’agit de faire le lien entre formation universitaire et champs professionnels, connaissances et compétences. Cela donne enfin lieu à des formes de travail innovantes et variées : articles scientifiques et grand public, posters, blogs, films, participation à des expositions et projets culturels, propositions diverses aux partenaires à partir des enquêtes. C’est l’ensemble de cette démarche qui était retracé par les six groupes d’étudiant.e.s, lors d’un moment privilégié d’expression et de valorisation de leurs travaux, mais aussi de retour concret des partenaires.
Chacune de ces collaborations a ainsi donné lieu à une enquête collective, restituée dans une volonté de communication scientifique ouverte à un large public, comme en témoignent les intitulés des présentations :
Les temps de l’engagement. Regards sur les formes plurielles de l’engagement à Villeurbanne, le Rize, Mémoires, Cultures, Echanges
Par monde(s) et par Vaulx, Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes
Et toque ! L’anthropologie à l’épreuve de l’assiette, Centre de recherche de l’Institut Paul Bocuse
(En)quêtes de mémoire. Approches anthropologiques de la jeunesse en temps de guerre, Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation
Mémoire végétale et transformations urbaines. Des étudiants en anthropologie dans la vallée de la chimie, Centre de Ressources en Botanique Appliquée
Des chansons et des roses. Les instruments de la culture à Givors, Service culturel de la Ville de Givors
Chaque présentation revient sur les missions de recherche, d'observation mais aussi d’intervention confiées aux étudiant.e.s par les partenaires : outre les entretiens et observations qui constituent le cœur de métier des anthropologues, les actions menées relèvent d’un vaste éventail, depuis le travail en archives pour une exposition, l’ethnographie de résidences artistiques, un inventaire naturaliste ou encore la réalisation de portraits sonores. Les étudiants ne se contentent pas de délivrer des résultats, mais font entrer le public dans la “cuisine” de leur groupe, entre enthousiasme et difficultés, découvertes et questionnements.
Le soin mis à la construction d’outils de valorisation scientifique (blogs, films, photos, dessins, sons, infographies, etc.) témoigne lui-même de la maturité des travaux : plusieurs partenaires y voient la possibilité d’une mobilisation directe des recherches conduites cette année dans leurs propres activités. C’est le cas des travaux conduits avec le Rize ou encore le CHRD, qui alimenteront leurs prochaines expositions, ou encore de certains résultats des enquêtes conduites avec le CMTRA. De même, des temps de restitution sur le terrain sont envisagés dans certains groupes, à l’instar du travail réalisé avec la ville de Givors ou encore le CRBA. Le centre de recherche de l’IPB invite quant à lui les étudiant.e.s à présenter leurs travaux lors d’un colloque international en juin.
Au fil des présentations, ce sont ainsi les grandes lignes du projet ASS qui se dessinent : déployer des collaborations « hors-les-murs » de l’université en favorisant le travail de terrain, valoriser le « learning by doing » en assumant pleinement la dimension expérimentale, acquérir une sensibilité pour la recherche-intervention au contact des partenaires, savoir finaliser et restituer les résultats d’enquête afin de valoriser la démarche anthropologique, s’ouvrir sur la pluralité des modes d’écriture et de diffusion de la recherche.
La créativité scientifique a été particulièrement mise en évidence par un élément désormais essentiel du projet : le croisement interdisciplinaire entre les étudiants anthropologues et
les étudiants de l’Ecole Emile Cohl. Formés au dessin, au multimedia, à l’animation et au numérique, ces derniers apportent une culture de travail et une sensibilité artistique particulièrement propice au décentrement mais aussi au redéploiement du propos anthropologique, comme ont pu en témoigner nombre d’étudiant.e.s et de partenaires.
Enfin, l’un des autres apports marquants de cette année est indéniablement l’accompagnement du projet réalisé tout au long de l’année par l’association d’anthropologie visuelle Tillandsia. Plusieurs pastilles audiovisuelles et un film générique retraceront ainsi le déroulement de cette expérience pédagogique, qui constitue désormais un trait distinctif de l’anthropologie à Lyon2, et permettront de la faire connaître à l’échelle de l’université et de la place lyonnaise, mais également aux niveaux national et international.
A l’issue de cette journée, domine le sentiment que, dans des métiers de l’enseignement supérieur et de la recherche soumis à des contraintes normatives croissantes, il importe de retrouver et de cultiver le sens de l’expérimentation, en élaborant des modalités innovantes d’enseignement et de formation, ouvertes sur la multiplicité des champs du possible et attentives à rendre visibles les connaissances, les compétences et les potentialités des étudiant.e.s.
Olivier Givre