« Anthropologie, science et société » est un projet de formation à/par la recherche et l’intervention innovant et ambitieux, mis en place par le Département d’Anthropologie de l’Université Lumière Lyon2 et le service Ethnologie de la Direction Régionale des Affaires Culturelles Auvergne Rhône-Alpes. Basé sur la collaboration avec sept structures mobilisant les sciences humaines et sociales dans leurs démarches scientifiques, culturelles et sociales, ce projet affirme l’importance et la vitalité des domaines de la recherche et de l’action dans le domaine de l’anthropologie et l’ethnologie. Cette conception « hors les murs » de l’enseignement supérieur (visites sur sites, recherches de terrain, actions de valorisation), entend faire le lien entre formation universitaire et champs professionnels, connaissances et compétences.
Tout au long de l’année universitaire, les étudiant.e.s de 3ème année de licence SHAE ont ainsi exploré différents domaines de recherche et d'intervention, en travaillant au contact d’acteurs professionnels sur des projets concrets au fil de thèmes pluriels : Anthropologie et alimentation avec le Centre de recherche de l’Institut Paul Bocuse (IPB) à Ecully, Anthropologie, mémoire, histoire avec le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation (CHRD) à Lyon, Anthropologie et santé avec la Ferme du Vinatier à Bron, Anthropologie, mémoire, patrimoine avec le Centre le Rize, mémoires, cultures, échanges à Villeurbanne, Anthropologie et ethnobotanique avec le Centre de Ressources en Botanique Appliquée (CRBA) de Marcy l’Etoile, Anthropologie et musique(s) avec le Centre des Musiques Traditionnelles Rhône-Alpes (CMTRA) à Villeurbanne, Anthropologie et mondes urbains avec le Musée Urbain Tony Garnier à Lyon.
Ce cadre leur a permis de se confronter in vivo aux questions transversales de la démarche de recherche et d’enquête, de l’intervention et de la médiation, de la valorisation et de la diffusion, de l’impact social et de la réflexivité scientifiques. Après un premier semestre consacré à la rencontre des partenaires au cours de journées de terrain et à la mise en place des travaux de recherche, le second semestre a vu la finalisation et la valorisation de ces travaux, avec un souci constant de mise en perspective et d’analyse de leurs enjeux et de leurs effets. Cette dynamique a ainsi donné lieu à des formes de travail variées et originales, autour d’articles scientifiques et grand public, blogs, posters, films ethnographiques, etc., et par la participation des étudiant.e.s à des expositions et projets culturels, l’inscription dans des programmes scientifiques, des propositions diverses aux partenaires à partir de leurs enquêtes, etc.
Sortir de la « zone de confort », ouvrir l’anthropologie à de nouvelles potentialités
C’est l’ensemble de cette démarche et de ces travaux qui ont été présentés lors de la journée de restitution du 27 avril, en présence de plusieurs partenaires du projet, du service Sciences et Société de l’Université de Lyon, de Nathalie Dompnier, présidente de l’Université Lumière-Lyon2 et d’Eric Bultel, Directeur adjoint de la DRAC Auvergne Rhône-Alpes. Cette journée a donné aux étudiant.e.s un espace privilégié d’expression et de valorisation de leurs travaux, permettant également un retour concret des partenaires, ainsi qu’un dialogue entre tous les protagonistes du projet afin de préfigurer ses développements futurs. Les présentations réalisées par chaque groupe ont pu alterner matériaux de terrain et analyses réflexives, présentation d’outils de travail (blogs, padlets, journaux de terrain, etc.) et courts films ethnographiques, faisant à chaque fois retour sur les apports et les difficultés des démarches de recherche et de valorisation conduites tout au long de l’année. Outre la qualité et la variété de ces travaux anthropologiques, l’ensemble témoigne d’une volonté de diffusion et de partage que n’ont pas manqué de souligner les différents partenaires.
Comme le précisent Olivier Givre et Marina Chauliac, coordinateurs du projet, « nous avions un mot d’ordre : que les étudiant.e.s intègrent dès les prémices de la recherche sa valorisation et sa diffusion, qu’ils puissent apporter ainsi des contributions effectives et concrètes à l’activité des partenaires. Il s’agissait d’éviter les rendus strictement académiques et de montrer que, dès la licence, des dynamiques d’ouverture, de valorisation et de professionnalisation sont possibles. Nous voulions faire sentir aux étudiant.e.s ce passage des connaissances aux compétences qui est souvent négligé, par une logique de learning by doing, en les poussant – tout en les accompagnant – dans des espaces sociaux, culturels, professionnels et institutionnels qu’ils connaissent souvent mal ou pas du tout. C’est une démarche expérimentale, au sens où chacun – enseignants, étudiants et partenaires – a du sortir de sa zone de confort ».
Par ce dialogue et ce travail en commun, l’enjeu est de mieux mettre en synergie les enjeux scientifiques et académiques d’une part, culturels et territoriaux d’autre part. Forte de trente ans d’existence, la formation en anthropologie de l’Université Lyon2 a en effet développé de nombreuses coopérations avec des partenaires culturels, sociaux et scientifiques sur le bassin lyonnais et rhônalpin. Tout aussi ancré dans le paysage régional de la recherche anthropologique et de l’action culturelle, le service Ethnologie de la DRAC Auvergne Rhône-Alpes constitue l’un des pivots de ces coopérations. Prenant appui sur ce terreau, le choix des partenaires relève de principes clairs : dynamiser, formaliser ou impulser des collaborations sur la base d’une dimension « sciences humaines et sociales » partagée ; identifier des domaines de recherche et d’action à la fois travaillés au sein de la formation en anthropologie, et porteurs d’enjeux sociétaux à l’échelle métropolitaine et au-delà.
Au final, l’ambition de ce projet est d’ouvrir la formation en anthropologie à de nouvelles potentialités, en impulsant des dynamiques partagées autour de la discipline, son apprentissage, sa pratique, sa diffusion et donc son rayonnement et son impact social. Ce souci d’ouverture s’adresse au premier chef aux étudiant.e.s, pour lesquels il est essentiel d’expérimenter dès la formation initiale des situations sociales, professionnelles, institutionnelles, etc. à partir d’une position de recherche, d’immersion mais aussi de diffusion et d’analyse de leurs propres pratiques. Mais à l’heure où la contribution des sciences humaines et sociales à la compréhension des sociétés contemporaines est plus que jamais nécessaire, l’affirmation d’un axe « science et société », basé sur un réseau dynamique de partenaires professionnels, doit également participer de synergies plus globales. Il peut constituer une signature forte et innovante et un élément majeur de visibilité de la formation en anthropologie à l’Université Lumière-Lyon2, aux plans régional, mais également national et international.
Olivier Givre